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Vernissage mardi 18 octobre à 18h30
Après Undershoot, données sensibles : Chelsea (centré autour de la figure de Chelsea Manning, ex-Bradley Manning), Cristiano est le second acte de la création réalisée par Cindy Coutant, lauréate du dispositif <3, avec Jérémie Nuel.
En 1996, la compagnie japonaise Bandaï lance la commercialisation d’un jeu intitulé tamagotchi. Ce nom désigne des animaux virtuels dont il s’agit de prendre soin à l’aide d’une interface ressemblant à un écran de montre colorée, en forme d’un porte-clé. Il est possible de laver, nourrir, et éduquer les tamagotchis à l’aide de commandes basiques situées autour de l’écran, afin de faire en sorte qu’ils vivent le plus longtemps possible (même si de nombreux utilisateurs s’amusent aussi à les laisser mourir). L’installation de Cindy Coutant pour la seconde partie d’Undershoot, données sensibles reprend le principe de ce jeu. Elle le décrit comme un « tamagotchi textuel ». Les évolutions technologiques aidant, l’allure de l’animal de compagnie a gagné en précision : il prend ici les traits de Cristiano Ronaldo, et l’espace dans lequel il se déplace est un vaste terrain de football vallonné.
Le travail de Cindy Coutant est d’abord celui d’un auteur et se déploie dans le champ du poétique. Elle trouve des formes d’écritures nouvelles dans la confrontation avec les langages informatiques, les technologies de programmation et de diffusion, et elle invente par ce biais des manières d’écrire, de montrer et de mettre en espace du texte. Elle travaille désormais avec Jérémie Nuel, media designer (qui co-signait la première partie d’Undershoot), et c’est ensemble qu’ils développent ces interfaces.
Comment l’artiste interagit-elle avec CR7 ? Elle le « nourrit » de textes —selon son expression—, à partir de trois bases de données. La première contient des instructions simples (courir, se jeter au sol, observer le paysage, traînasser, pleurer, pleurer énormément jusqu’à déclencher un tsunami de larmes – et l’on reconnaît bien là CR7…). La seconde contient des phrases simples. La troisième contient les éléments de ces phrases, taggés selon leur nature et leur fonction grammaticale. L’artiste alimente donc à distance ce personnage (input), qui agit et transforme le texte qui lui a été soumis (output). Les instructions sont visibles sur l’écran, et avec elles, le lien entre les actions et les commandes qui les déclenchent.
On peut se nourrir de texte. L’idée est trop belle.
Et d’ailleurs, exactement comme la réception d’un texte poétique, l’installation permet ici plusieurs lectures/regards. On pourra donc se pencher sur le dispositif technologique et évaluer la qualité, l’efficacité de la programmation, les solutions de media design, la fluidité de l’animation, la précision, ou encore le réalisme de l’ensemble. La visibilité du dispositif est ici essentielle. Elle permet de comprendre comment les choses sont faites et comment elles fonctionnent. Les langages naturels et non-naturels sont montrés pour ce qu’ils sont. « Ces langages dits « non-naturels » inventés par l’homme, explique l’artiste, disent quelque chose de l’humanité, de sa volonté de s’augmenter, de l’artifice comme mouvement naturel. » Les donner à voir permet aussi d’explorer l’imaginaire qu’ils charrient. La polysémie de l’expression « donnée sensibles » est ici exploitée dans toute son étendue, renvoyant au caractère personnel du contenu des informations que nous disséminons ou cachons, mais aussi à l’expérience sensible offerte par les œuvres d’art, ainsi qu’au personnage public de Cristiano Ronaldo, réputé pour son égocentrisme, son jeu très (trop) personnel, et son goût du drame sur les terrains (ceux qui ont regardé la finale de l’Euro 2016 sauront bien de quoi il est question).
On pourra aussi se plonger simplement dans l’image, jusqu’à peut-être en oublier le paysage informationnel qui défile sur l’écran, pour suivre seulement ce corps qui évolue dans un paysage vert et vide. Les limites du terrain sont toujours apparentes, l’ensemble est à la fois visiblement synthétique et fini, et l’on touche ici à quelque chose de métaphysique, le sentiment étourdissant, et bien connu des gamers, que tout jeu, et toute action, s’inscrit dans un système qui a toujours des limites.
Jérémie Nuel : appui conceptuel et technique Robin Maulet : création 3D Léon Denise : programmation
Bordeaux - Zébra3
Résidence du 25 août au 21 septembre 2016 Exposition du 23 septembre au 23 octobre 2016 Vernissage jeudi 22 septembre à 18h30 Lieu : Programme de diffusion Crystal Palace - 7 place du Parlement à Bordeaux
Poitiers - Le Confort Moderne Résidence du 5 au 17 octobre 2016 Exposition du 19 octobre au 13 novembre 2016 Vernissage mardi 18 octobre à 18h30 Lieu : Vitrine du 198 Grand Rue - Poitiers
Limoges - LAC&S/LAVITRINE Résidence du 5 au 18 décembre 2016 Exposition du 20 décembre 2016 au 27 janvier 2017 Vernissage lundi 19 décembre à 19h Lieu : LAVITRINE - 4 rue Raspail à Limoges |