Altars Of Madness | ||
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Le metal extrême émerge dans la seconde moitié des années 1980 à travers trois genres musicaux distincts corrélés par des principes, des esthétiques et des évolutions différentes : le grindcore, le death metal et le black metal. Comme toutes les cultures underground, le metal extrême n'est pas une histoire qui peut être vécue par procuration. Il apparaît donc qu'une partie des artistes dont l'œuvre est marquée en profondeur a été activement impliquée dans cette scène depuis un âge auquel ils ne se doutaient pas que leur pensée pourrait faire œuvre un jour. L'exposition Altars of Madness révèle l'œuvre réunie de cette génération d'artistes marquée par le metal extrême et agrémentée de quelques autres s'étant fait les témoins pertinents de cette scène musicale ou ayant brillamment contribué à façonner son iconographie. L'exposition pose sans détour la question de l'extrême puis explore le genre musical sous les angles tour à tour de la politique, de la mort et d'un rapport païen au paysage. Lucid fairytale La première partie de l'exposition se concentre sur le grindcore et la dimension politique du metal extrême. Puisant sa source dans le mouvement punk des années 1980, les groupes de grindcore abordent avant tout des sujets politiques comme l'anarchie et l'anticapitalisme, et révèlent une certaine radicalité discursive et esthétique. Sous la revendication affichée de « noise not music », le grindcore se définit délibérément comme anti-musical, rugueux et inconfortable, ce qui se traduit visuellement par un langage anti-esthétique, agressif voire irritant. On peut remarquer une référence politique très nette dans les œuvres de Mark Titchner, Damien Deroubaix, Juan Pablo Macías, Nicholas Bullen et Gee Vaucher, accusant une réalité abjecte du monde contemporain. Death is just the beginning La seconde partie de l'exposition correspond au death metal, qui peut être interprété comme l'équivalent musical aujourd'hui de ce qu'était le « memento mori » et les symboles de vanité dans la peinture classique. Les groupes de death metal puisent dans la thématique de la mort qui constitue selon eux la fin ultime et inévitable. De même, ils illustrent les pochettes de crânes ou d'autres métaphores relatives à l'errance et à la peur - à l'instar des représentations que l'on peut trouver chez Bosch et Brueghel. Des artistes comme Matthew Barney, Steven Shearer et Gregory Cuquel incorporent littéralement la symbolique de cette niche (à travers les instruments, le look, les logos) tandis que d'autres - comme Larry Carrol, Gregory Jacobsen et Maël Nozahic - développent une oeuvre plus introspective, explorant l'angoisse et l'ambiguïté dans toute leur violence en représentant personnages monstrueux et morbides voire paysages apocalyptiques. Dark matter landscape La troisième partie de l'exposition est consacrée au black metal qui, sur le plan musical, oscille entre la rapidité extrême et des passages plus atmosphériques. L'humeur sombre et dépressive est ici couplée à une fascination pour la violence, le crime et le macabre. Le black-metal incarne une position nihiliste et païenne en renvoyant tantôt aux déités nordiques tantôt à tout ce qui peut incarner le mal. La richesse visuelle du black metal a inspiré nombre d'artistes comme par exemple le maquillage singulier, en noir et blanc, des musiciens et les pochettes illustrant figures cadavériques et paysages nordiques. Le thème du paysage - auquel même les titres de morceaux font référence - est récurrent dans cette partie de l'exposition et confère une note romantique et symboliste au black metal en particulier dans les œuvres de Torbjorn Rodland, Seldon Hunt et Theodor Kittelsen. D'autres artistes comme Banks Violette, Elodie Lesourd et Harmonie Korine se réfèrent directement à certains groupes de black metal, à leurs pochettes ou aux codes spécifiques (maquillage, satanisme, violence). |