Apocalypstick | ||
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Entrepôt |
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Artiste d’origine danoise vivant à Chicago, Lise Haller Baggesen installe dans l’espace de l’Entrepôt, ses créations textiles, textuelles et rejoue son oeuvre phare « Mothernism ». Convoquant tour à tour à la science fiction, la mode D.I.Y, la philosophie politique et le féminisme , Lise Haller Baggesen interroge l’absence de la figure et du concept de mère dans l’art contemporain. Sculptures, installations, sons, elle propose à travers divers mediums une nouvelle manière de penser la place politique et sociale des stéréotypes attribués au genre féminin pour en faire un étendard féministe qui écrit sa propre histoire tout en douceur et en intelligence. Son titre témoigne d‘une double invocation et assume un apparent paradoxe : « Apocalypstick » * revendique une nécessaire frivolité, même en temps d’apocalypse. Le nouveau corpus d’œuvres textiles présentées dans l’exposition a trouvé son origine en 2020, alors que le confinement planétaire générait pour l’artiste (entre autres effets) un retour à une pratique quotidienne d’atelier, à Chicago, où elle vit depuis une quinzaine d’années. La disponibilité de vêtements d’occasion aux couleurs chatoyantes et aux formes généreuses, typiquement américains, a ouvert la voie à un déploiement colorfield, mêlant parfois la peinture aux motifs des tissus. Dans l’espace d’exposition, étalées aux murs ou suspendues, ces œuvres-vêtements constituent les motifs d’un paysage référé à l’échelle humaine, mais d’où les corps ont disparu. Rien de triste à cette disparition, la vitalité éclate. Une légèreté fantomatique délestée de toute gravité corporelle s’est joyeusement émancipée du monde humain. Apocalypstick résonne comme l’invitation faite aux corps à sortir de leur enveloppe charnelle pour engendrer des mues multicolores et florissantes, de nouveaux revêtements aux cimaises esseulées à force d’être blanchies. Apocalypstick est le produit voluptueux d’une matière usée, qui continue de s’épanouir en des flaques de peintures bariolées et madrassées. Le travail de Lise Haller Baggesen puise son énergie dans l’envie d’habiller les mondes de couleurs et de drapés, comme autant de soleils qui brûlent la surface des murs après avoir été chargés et portés à-même la peau d’une ardente jeunesse pré-pandémique. De la sorte, il n’est plus possible de regarder sous les jupes des filles. Cette première exposition personnelle de l’artiste en France, qui a participé aux expositions collectives initiées par le Confort Moderne pour sa réouverture après travaux (« Tainted Love, 2017-18) ou invité par la Villa Arson, Nice (« Tainted Love / Club edit », 2019) » partage la croyance en une beauté perdue, retrouvée, à portée dans un monde abîmé. Aux côtés de ce nouveau corpus d’œuvres, l’exposition fera également place à une recréation du projet « Mothernism » (2013-23) à l’intersection du féminisme, de la science-fiction et du disco. « Mothernism » vise à localiser ‘le trou en forme de mère’ dans le champ de l’art contemporain et ses discours. « Mothernism » a connu de nombreuses installations principalement aux États-Unis, réunissant tentes-abris-antres, textes et musiques. « Mothernism » est également le titre du livre manifeste de l’artiste, aux éditions Green Lantern Press, 2014. La collection de lettres qu’il recueille, dédiées à l’amour d’une mère à sa fille, à sa soeur, à sa mère et aux lectrices et lecteurs, fusionne le biographique, la musique et l’art dans un témoignage auto-théorique qui appelle et redéfinit un futur imparfait. L’exposition « Apocalipstick » réunira les textes des autrices et auteurs Lotte Løvholm (Danemark), Matt Morris ( USA), Ingrid Luquet-Gad ( France), Kathy Alliou ( France) et Lise Haller Baggesen ( Danemark-USA); * « Apocalypstick » est le titre d’une chanson écrite par Serge Gainsbourg et interprétée par Jane Birkin en 1978. |
Lise Haller Baggesen | Groupe 0 |
Kathy Alliou | Groupe 1 |
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Kathy Alliou, commissaire associée de cette exposition dirige le département des Œuvres des Beaux-Arts de Paris depuis 2013. Avec son équipe, elle coordonne, conçoit et contribue au programme d’exposition de l’établissement et à la valorisation de sa collection, Musée de France. C’est grâce aux artistes qu’elle s’efforce de penser, d’écrire et d’inventer des dialogues avec les œuvres d’aujourd’hui et celles d’hier. Elle déploie un répertoire de projets artistiques qui vont du commissariat d’exposition, aux résidences de recherches et tous projets fondés sur la parole, le potentiel performatif des corps, la transmission et la circulation de la pensée : colloques internationaux, séminaires, conférences, et programmes de performances. En 2023, Kathy Alliou intervient également dans la Direction artistique de Asia Now, à La Monnaie de Paris et elle est co-commissaire avec Gora Diouf de l’exposition personnelle de Bocar Niang du Musée Théodore Monod à Dakar. |