Pour des raisons indépendantes de notre volonté, l'exposition fermera une semaine avant la date annoncée

L’exposition Lagune et autres poissons de l’artiste suisse Denis Savary (1981) prend pour point de départ les éléments sculpturaux et scénographiques du spectacle Lagune qu’il a mis en scène en 2016, dans différents lieux (à Zürich, au MEG de Genève, au Centre Culturel Suisse à Paris, ou encore au Musée National d’Art contemporain d’Athènes). Le décor reprend l’image d’une ville flottante, Venise, à partir de modules mobiles, en plexiglas aux couleurs changeantes, qui sont intégrés à la chorégraphie.

L’exposition n’est pas une adaptation du spectacle. Elle est plutôt à comprendre comme une dérive formelle et symbolique à partir de celui-ci. L’image de la ville sur l’eau, fantomatique et fascinante, est transposée dans un nouvel espace, celui de la Salle des Pas Perdus du Palais de Justice de Poitiers. Avec son étrange titre, Lagune et autres poissons, elle renvoie toujours le spectateur vers un univers aquatique. Aux modules du spectacle s’ajoutent des sculptures, qui flottent entre deux eaux.

Denis Savary utilise quelques figures récurrentes pour parler de ses œuvres. Il les envisage comme des « masques » (et en effet, tout son travail se caractérise par sa dimension anthropomorphique ou zoomorphique, avec l’apparition de corps animaux et des visages), et il insiste sur l’importance de la « farce » dans son travail. On comprendra ce dernier terme dans un double sens. Celui du genre théâtral, qui se traduit dans des sculptures aux allures de personnages comiques ou grotesques, saisis dans de drôles de postures d’échec. Mais aussi au sens culinaire, celui d’un mélange utilisé pour remplir un autre aliment creux. Cette farce-ci est cuisinée, pour chaque sculpture, avec toutes les histoires, toutes les images, tous les objets, toutes les références historiques, littéraires et artistiques que l’artiste, curieux et érudit, a croisés pendant le processus d’invention de ses œuvres.
Mais il n’est nul besoin de connaître ces références pour apprécier cette exposition. Il suffit de la regarder pour ce qu’elle est avant tout, une exposition de sculpture riche de trouvailles formelles, de choses hybrides, et de merveilleux.

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