Tout droit sorti de la froideur finlandaise, K-X-P propose pourtant du hit en pagaille. Assurément dancefloor mais certainement pas mainstream, leur musique est au croisement du kraut, de la noise, du rock et de la techno. En live, ces Finnois dessinent une boule disco en forme de tête de mort, portés par un groove chamanique et minimal et des rythmiques über motorik rappelant autant Spacemen 3 que Suicide et Neu !. De quoi finir cette septième édition de Less Playboy comme des cowboys désarçonnés.

Ni frontière, ni limite pour ce rappeur américain. Aperçu aussi bien aux côtés du duo pop Tegan and Sara que des rappeurs Sole ou P.O.S., le Texan navigue avec aisance entre hip-hop, électro et indie rock, et revendique des influences aussi diverses que Tom Waits, Pharell Williams et Hunter S. Thompson. On pense au label Anticon, à Why ?, au Beck des débuts ou à Buck 65 pour leurs expérimentations et leur mélange commun de mélodies pop et phrasé hip-hop. Si Astronautalis se produit souvent aux côtés d’un batteur et un guitariste, il se présentera en solo pour défendre son nouvel album, Cut The Body Loose.

Deuxième assaut de C_C, cette fois accompagné du Grenoblois Somaticae, celui-là même qui se sert de la musique électronique pour reproduire toute la puissance et le chaos des musiques death, black et doom metal. Quand les rythmes secs de l’un se frottent aux furieux grooves noise de l’autre, le décollage est immédiat. Direction un ailleurs fait de descentes soufrées et de boucles tribales, de remontées psychédéliques et d’horizons sauvages. Dans la bulle du Lieu Multiple, au centre d’un dispositif vidéo signé Hugo Saugier et reposant sur des feedbacks de projections sur miroir brisé, peu de chances que vous n’arriviez pas à destination.

La mélodie n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle doit se frayer un chemin à travers d’épaisses couches de distorsion et de feedback. Ces Québécois l’ont bien compris en produisant une musique dense, sale et lumineuse de candeur qui vous replongera dans vos vertes années, du temps où vous passiez vos après-midi à fantasmer des roadtrips avec Kim Gordon. Si le duo tourne au printemps au format trio, c’est parce qu’à deux guitares, ça claque forcément plus sans pour autant ralentir le rythme effréné auquel ils exécutent leur bon gros garage de sales gosses doucement nostalgiques du rock alternatif US des 90’s.

Vous en connaissez beaucoup des groupes français signés sur Deathwish, le label du chanteur de Converge ? Vous connaissez maintenant Birds in Row, trio lavalois qui parcoure les terres sèches du punk-hardcore-screamo d’Europe et d’Amérique du Nord en toute indépendance, sans tourneur, sans manager ni autre soutien que leur famille, leurs potes et leurs fans. Et ils sont nombreux à aimer leur remarquable facilité à jouer de la tectonique des plaques entre continents mélodiques et paysages abrasifs. En espérant que le Musée Sainte-Croix réponde aux normes parasismiques !

Dans les boucles infernales de C_C (voir vendredi 03 juin), les side projects se multiplient. LopLop est l’un d’eux, que le parisien mène avec l’anglais Dead Fader. Pour les absents de la dernière édition de Less Playboy Is More Cowboy, Dead Fader est celui qui, à mi-chemin entre contrôle et chaos, avait repoussé les limites du format techno avec une magistrale démonstration slow core dans le bar. Pour ce live au Lieu Multiple, vous plongerez dans les abysses de leur musique dans une semi-obscurité menaçante, comme un ciel d’orage juste avant qu’il n’éclate.

Ne les affiliez surtout pas au renouveau psychédélique, ni à un quelconque calcul pour se faire une place au soleil des musiques du moment. Ulrika Spacek est né en une nuit, dans l’unique but de se créer une identité autre, musicale celle-là. Sur un premier album tout juste paru, le quintet anglais enchaîne les titres comme des ivresses, s’engouffre dans des brèches pop, kraut ou shoegaze, empile les références avec l’élégance des grands et ne compte pas les couches de leurs arrangements luxuriants. On compare souvent la chaleur de leur rock saturé à Tame Impala ou Radiohead. Nous pencherions plutôt pour Deerhunter ou Spacemen 3.

Le territoire de France ne manque pas de relief. Autour d’une section rythmique basse-batterie obstinément statique, Yann Gourdon construit à la vielle à roue un paysage mélodique fait de bourdonnements latents et de champs vibratoires inouïs dont l’exploration exige de l’auditeur qu’il mette sa perception dans la boucle. À l’image des regrettés Chausse Trappe, le trio emprunte aux musiques traditionnelles – du Massif Central cette fois – comme à la musique répétitive et au krautrock pour bâtir un environnement sonore radical et fascinant dont la dynamique procure de déli- cieuses montées vers la transe.

Chanteuse hypnotique et musicienne éclairée, cette Parisienne capte la poésie du monde pour fournir le paysage d’un RnB indépendant et panaché. Beats lascifs et lourdes basses viennent nourrir des morceaux aux tempos dilatés, aux mélodies hybrides et aux structures narratives juste assez décalées pour vous faire décoller. Au milieu des œuvres de Raphaël Zarka, Bonnie Banane démontrera en douceur la justesse des paradoxes et des beautés vagues.